N'DJAMENA- L'opposant tchadien Ngarlejy Yorongar, dont on était sans nouvelles depuis son enlèvement le 3 février à son domicile n'djaménois, par des hommes en uniforme, a refait surface au Cameroun voisin.

"Je ne peux que respecter les autorités camerounaises et ne pas accorder d'interviews pour le moment", a-t-il déclaré sur les ondes de RFI à Yaoundé, capitale du Cameroun. Les autorités de ce pays lui ont donné 48 heures pour obtenir l'asile dans un pays européen, a précisé la radio française.

Interrogé sur sa destination, Yorongar a répondu: "J'ai entamé les formalités avec plusieurs (pays) avant de prendre une décision définitive".

Il avait été enlevé en pleine offensive militaire rebelle dans la capitale tchadienne, repoussée in extremis par les forces restées loyales au président Idriss Déby et avec l'aide discrète de

la France.

Sa disparition, et celles d'autres opposants politiques, avaient fait naître des craintes, relayées par des ONG tchadiennes et internationales de défense des droits de l'homme, sur leur sécurité.

Dans un communiqué, l'ONG africaine RADDHO, dont le siège est à Dakar, a déclaré que Yorongar était malade après avoir été torturé durant sa captivité. Elle a réclamé l'ouverture d'une enquête internationale sur les disparitions de dirigeants de l'opposition tchadienne pendant les dernières heures de la bataille de N'Djamena - ce que N'Djamena a accepté lors d'une visite-éclair, la semaine dernière, du président français Nicolas Sarkozy.

Le gouvernement d'Idriss Déby a également reconnu détenir l'ancien président Lol Mahamat Choua, qu'il considère comme "un prisonnier de guerre". Un troisième responsable de l'opposition, Ibn Oumar Mahamat Saleh, n'an en revanche, toujours pas refait surface.

Plus de 400 civils ont été tués lors de la bataille de N'Djamena, qui a duré deux jours avant la retraite des rebelles venus du Soudan.

Daniel Flynn, version française Jean-Loup Fiévet